LH9 - La LH Quantique

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Fiesta i prosecco - Chapitre 2 : La croisière s'amuse

Il fait bon et chaud, dehors, mais dans l’hélicoptère, l’air est tempéré, l’humidité régulée, et la seule chose qui reste non maîtrisée est l’anxiété et la hâte que ressent Marion. L’hélicoptère se pose sur le pont du navire. Une odeur iodé la prend toute entière, elle est intense et pénétrante. Ses chairs se raffermissent à cette sensation presque nouvelle.

Tout de suite, un steward vient l’aider à descendre, pendant qu’un autre prend ses valises. Quel luxe !

Quelque temps plus tard, un steward fait visiter à Marion la chambre qui sera sienne pendant la croisière. Elle est ornée de somptueuses dorures, de magnifiques finitions argentées et de luminaires en cristal. Les meubles sont en acajou, et au toucher de ceux-ci, l’on devine les talents presque divins de l’ébéniste qui les a façonnés. Marion ouvre les placards, inspecte la penderie, reniflant les parfums exaltant qui s’en émanent. Des fragrances de santal, de rose et de sperme lui prennent la tête. Que c’est agréable, se dit-elle.

En début de soirée, après avoir enfilé une robe légère en soie, Marion va prendre des verres et des cocktails sur le pont, autour de la piscine.

Là, au milieu du jacuzzi, entouré d’eau tourbillonnante et bouillonnante de passion et d’ardeur, se trouve François. Il regarde le coucher du soleil, et semble prendre son pied. Son slip de bain tout cabossé, il propose à Marion de le rejoindre.

“Ah Marion ! Venez donc, venez donc ! Champagne ? Mojito ? Que voulez-vous ? Faites comme chez vous, bien entendu !” Dit il.

“Mais avec plaisir, je vais tout prendre ! Du champagne pour commencer, du mojito, pour avancer, et puis… Le reste plus tard !” Dit Marion, le sourire en coin.

“En parlant de prendre, avez vous entendu parler de l’affaire Baba-Bollognaise ? Ils se sont quittés sur une dispute. Et, gardez cela pour vous, mais un ami assez proche m’indique que Vince compte se remarier avec lui-même ! HA”

PLOUF !

Marion est aspergée de liquide, elle est toute trempée. Heureusement qu’il fait chaud. Mais qui était-ce ?

“Ahhhh ! Orandrini ! Vous voilà enfin, j’ai cru que vous n'arriverez jamais ! Il faut dire que vous êtes un homme occupé ! Présentateur, journaliste…” Dit François.

“Pour être occupé… Je le suis !” L’interrompt Orandrini. “ S’occuper d’une équipe de water polo de collégiens, ce n’est pas une mince affaire, croyez-moi ! Et que ça court dans tous les sens, et que ça crie, et que ça ne veut pas, et que ça griffe… Ah, la jeunesse… Heureusement que je les aime bien, ces jeunes, sinon je ne saurais plus trop quoi faire.” Il rit. ”D’ailleurs, rien à voir, mais, je n’ai pas vu Pascal… Il n’a pas pu venir ?”

“Hélas… Avec l’affaire dans laquelle il s’est empêtré, malheureusement… Il n’a pas pu venir. Il a vu trop gros, il a fini à l’hôpital ! Il aurait dû s’en douter, avec Schiappa. Il me disait pourtant l’autre jour ‘François, elle m’avait dit que c’était ses gars sûrs, tu te rends compte ?’. Une déchirure, en cet endroit là, ça doit être douloureux !”

Marion sort de l’eau, un peu dépassée par cette conversation. Elle s’essuie, et regarde son téléphone. Une femme comme elle doit se tenir informée des actualités. Elle découvre avec stupeur qu’une de ses connaissances, Philippe Damien III Aberkane a résolu la conjecture de Riemann, dans un article à paraître sur 4Chan et sur JVC18-25. Elle savait depuis toujours qu’il était intelligent, mais pas à ce point ! Elle hésite à lui envoyer un message, mais se rappelle que Philippe doit être occupé, après tout il est en train de passer sa sixième thèse, en archéologie cosmopolitik. Marion est crevée, et pense à aller se coucher.

Après avoir pris une bonne douche bien chaude, Marion enfile sa nuisette, et ouvre frénétiquement les tiroirs en ébène qu’elle n’osait toucher. Après tout, elle est quasiment chez elle ! Elle découvre un objet noir, massif, doux au toucher, agréable en main et partout ailleurs. Celui-ci a une forme oblongue, et une sorte d’anneau ou de disque autobloquant. Elle le prend avec elle, et s’en va dans son lit. Elle sait d’avance qu’elle passera une très bonne nuit, et se reposera beaucoup.

DRIIIN !!!!!! DRIIIN !!!!!! DRIIIN !!!!!! RENDEZ-VOUS TOUS SUR LE PONT IMMÉDIATEMENT ! LAISSEZ VOS AFFAIRES DANS VOS CABINES ! CECI N’EST PAS UN EXERCICE !

Marion est réveillée dans un sursaut. Est-ce un mauvais rêve ?

DRIIIN !!!!!!

Non, ça ne doit pas être ça, se dit-elle. Elle se lève, et l’objet massif tombe sur le sol. Elle s’était endormie avec. Elle sent son fort intérieur se décomposer, presque tomber, il faut dire que la sonnerie est forte et la prend au dépourvu. Le dépourvu, quand il est consenti, elle adore. Mais quand c’est pour annoncer un accident… Un peu moins.

Marion se rend sur le pont, et découvre avec horreur que le navire est en train de couler. Elle a de l’eau sur les jambes.

“MARION ! VITE ! MONTEZ DANS LE CANOT !”

C’est François, avec tous les autres invités. Ils sont bien une cinquantaine, beaucoup de têtes qu’elle connaît. Elle ne les avait même pas remarquées jusqu’alors. Marion s’empresse de grimper à bord de l'embarcation. Elle enfile un gilet de sauvetage.

Quelques heures ont passé, cela fait bien longtemps que le navire a sombré. Il commence à faire froid, et même si l’on est en pleine Méditerranée, la nuit, les températures peuvent descendre grandement. Au loin, de la lumière. Serait-ce l’aube, le soleil radieux ? Soudain, un bruit fort et grave surgit dans la pénombre, provenant de cette aura lumineuse. Des secours !

Le navire de secours se rapproche, celui-ci a une forme étrange, presque extraterrestre. Sur la coque de celui-ci est écrit “Marine Nationale d’Atlantide”. Marion et les autres sont sauvés !